Le bus s'arrête, et du descends, mon vieux.
Nous, nous continuons encore un peu plus loin.
La tête à la fenêtre, bavardant
mordons l'air, prenons du bon temps.
Mais toi, plus rien ne peut plus te retenir.
le bus s'arrête, et tu descends, mon vieux.
Qui comprends cela? La bruit se noie dans le silence,
et les morts s'alignent hors de terre.
Le ciel se couvre, rayonne — des notes en pagaille.
On verra. Le temps arrange tout.
Encore quelque pas, et ensuite rien de grave n'arrivera.
Le sol vacille sous tes jambes.
Chemin désert, chemin poussiéreux, sans bordure...
Laisse mon visage effleurer ta main.
Je ne peux pas aller plus loin avec toi,
d'ici ton chemin ne conduit déjà plus nulle part.
Il reste, de toi, ce qui restera avec moi.
Le bus s'arrête, et du descends, mon vieux.
Une fois, il y a longtemps, à la mi-août
pendant trois jours il a plu à torrents,
et l'heure s'était noyée dans l'eau au fond du canot.
Le toit était de mille neuf cent quarante-cinq.
Cétait beau. Le travai. Les hommes. L'espoir.
Kocsolád (1). Lueur des flambeaux
la nuit.
(1) De Kocsoládfalva, nom d'un petit village de Transylvanie