Sur
les montagnes d'exode et de déroute, les chemins
des promesses mensongères, sur les frontières de la peur,
sur
les versants de la mort ordinaire
les pieds nus
dans la boue de toute trahison, dans la morsure du froid de
toutes les souffrances,
les pieds meurtris de la fuite et de la faim,
les pieds trop lents de la vieillesse et de l'enfance,
les pieds appesantis de ceux portant qui ne peut plus marcher,
les pieds nus de la douleur incrédule, la douleur nue des mères
berçant leur enfant mort:
furtives se font les larmes et l'agonie des faibles...
Et pour un peu de pain les hommes jeunes se battent
à coups de pierres: la survie aux
plus forts, pour mesure
comble et comme de juste.