Quando meus dedos
cobrem de carícias
Tua cabeça
e o dócil torso,
E minha mão
se embriaga nas delícias
De afagar-te o
elétrico dorso,
Em sonho a vejo.
Seu olhar, profundo
Como o teu, amável
felino,
Qual dardo dilacera
e fere fundo,
E, dos pés
a cabeca, um fino
Ar sutil, um perfume
que envenena
Envolvem-lhe a
carne morena.
Lorsque mes doigts caressent
à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s'enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,
Je vois ma femme en esprit. Son
regard,
Comme le tien, aimable bête,
Profond et froid, coupe et fend
comme un dard,
Et des pieds jusques à
la tête,
Un air subtil, un dangereux
parfum,
Nagent autour de ton corps brun.
Dans ma cervelle se promène,
Ainsi qu'en son appartement,
Un beau chat, fort, doux et
charmant.
Quand il miaule on l'entend
à peine,
Tant son timbre est tendre et
discret;
Mais que sa voix s'apaise ou
gronde,
Elle est toujours riche et profonde.
C'est là son charme et
son secret.
Cette voix, qui perle et qui
filtre,
Dans mon fonds le plus ténébreux,
Me remplit comme un vers nombreux
Et me réjouis comme un
philtre.
Elle endort les plus cruels maux
Et contient toutes les extases;
Pour dire les plus longues phrases,
Elle n'a pas besoin de mots;
Non, il n'est pas d'archet qui
morde
Sur mon coeur, parfait instrument,
Et fasse plus royalement
Chanter sa plus vibrante corde,
Que ta voix, chat mystérieux,
Chat séraphique, chat
étrange,
En qui tout est, comme en un
ange,
Aussi subtil qu'harmonieux!
- De sa fourrure blonde et brune
Sort un parfum si doux, qu'un
soir
J'en fus embaumé, pour
l'avoir
Caressée une fois, rien
qu'une.
C'est l'esprit familier du lieu;
Il juge, il préside,
il inspire
Toutes choses dans son empire;
Peut-être est-il fée
est-il dieu?
Quand mes yeux, vers ce chat
que j'aime
Tirés comme par un aimant,
Se retournent docilement
Et que je regarde en moi-même,
Je vois avec étonnement
Le feu de ses prunelles pâles,
Clairs fanaux, vivantes opales,
Qui me contemplent fixement.
Charles Baudelaire